Par économie, faudrait-il supprimer le ministère de la culture

Le projet "État efficace", doit alimenter en continu le chef du gouvernement en recommandations pour améliorer le fonctionnement des services publics.
L’exécutif entend simplifier le paysage administratif en fusionnant, en regroupant, voire en supprimant les structures jugées redondantes : pas moins de 434 opérateurs, 317 instances consultatives et 1.153 organismes nationaux, tels que l’Ademe, l’Agence Bio ou l’Agence nationale du sport, mais d'autres économies, propre au Ministère de la Culture, comme sa mutation souhaitable en un Secrétariat d’État, chiffrées cette fois non plus en millions mais en milliards, ne seraient pas pour autant impopulaires.

Financées à la fois par les contribuables, par les dotations de l'État et au besoin par l'endettement, il paraît d'actualité de s'interroger sur les dépenses des Régions et, plus généralement, sur le budget de l'État.
Faire des économies reste un exercice d’équilibre : il faut réduire les dépenses sans nuire à la croissance, à la cohésion sociale ni aux missions régaliennes.

Avec le départ programmé de Rachida Dati, début 2026, le moment opportun s'offre pour l'Etat de faire de sérieuses économies. Il s'agit, ni plus ni moins, de passer d'un coûteux et peu démocratique ministère de la culture à un simple secrétariat d'état. Aujourd'hui, seulement une poignée d'"artistes" peut prétendre, tout domaine confondu, bénéficier d'une aide ministérielle.

Quelques données
Effectifs du ministère de la Culture
Selon les chiffres du ministère, en 2024 il y avait environ 7 400 agents directement employés dans l’administration centrale du ministère.
Selon un rapport du Sénat, en 2023 le ministère de la Culture rémunère 28 485 emplois, équivalents temps plein, dont :
8 969 emplois, personnels directement rémunérés par l’État.
19 526 emplois via les opérateurs ou agences, qui sont des structures subventionnées ou créées par le ministère.

Réduction des dépenses de fonctionnement de l’État selon ChatGPT

Modernisation administrative
Numérisation accrue des services publics : dématérialiser davantage les démarches (fiscalité, justice, santé). Économie estimée : plusieurs milliards d’euros sur 5 ans.
Rationalisation des structures : fusion d’agences, réduction des doublons entre État et collectivités.
Revue des effectifs administratifs : remplacement partiel des départs à la retraite.

Achats publics
Mutualisation des achats entre ministères et collectivités.
Renégociation des contrats de prestations (informatique, communication, énergie).

Maîtrise de la masse salariale publique
Gel partiel du point d’indice (hors bas salaires et métiers en tension).
Encourager la mobilité interne pour limiter les recrutements externes.
Réduction des primes et indemnités redondantes.

Réformes structurelles
Ciblage des aides : réduire les aides non conditionnées aux revenus.
Lutte contre la fraude sociale et fiscale (plus de contrôles automatisés grâce à la data).
Encourager le travail des seniors pour réduire la charge des retraites.

Santé
Lutter contre les actes redondants, développement de la télémédecine.
Réorganisation hospitalière : mutualisation des achats, spécialisation par établissement.

Transition écologique
Suppression progressive des subventions aux énergies fossiles.
Conditionner les aides vertes à des objectifs mesurables de décarbonation.

Recettes complémentaires, sans hausse générale d’impôts
Lutte renforcée contre la fraude fiscale internationale.
Ciblage des niches fiscales.
Valorisation du patrimoine public, cession ou mise en location d’actifs non stratégiques.
Budgets de performance : chaque ministère doit prouver l’efficacité de ses programmes.
Audit annuel indépendant des politiques publiques.

Vers une suppression du ministère de la culture

Par économie, faudrait-il supprimer le ministère de la culture ou plutôt le réformer ?
La question revient périodiquement dans le débat public.
Cette institution est régulièrement remise en cause. Certains estiment qu’elle est devenue inefficace, coûteuse, voire inutile à l’époque du numérique et des plateformes mondialisées.
Cependant le ministère de la Culture joue ou a joué un rôle dans la préservation du patrimoine en protégeant les monuments historiques, en soutenant les musées, les bibliothèques et, plus généralement, en veillant à la transmission d’un héritage collectif.
Néanmoins beaucoup jugent que ce ministère est devenu un appareil bureaucratique lourd et centralisé, parfois déconnecté du terrain, avec des moyens financiers absorbés par son fonctionnement plutôt que distribués aux artistes qui dénoncent des procédures longues, des subventions arbitraires et une gestion trop parisienne. D’autres accusent l’État de politiser la culture : selon eux, les subventions favorisent certains courants esthétiques ou idéologiques, au détriment de la liberté de création avec un marché qui s'en trouve par ailleurs faussé.

Confrontés aux difficultés pour équilibrer des budgets grevés par l’augmentation des charges, les Régions et l'État mesurent que les solutions ne pourront plus reposer uniquement sur l’accroissement des financements publics et qu’il convient donc de repenser en profondeur leurs projets, dans leur rapport aux territoires et modèles économiques.
Dans ces circonstances, la commission culture de Régions de France a souligné l’urgence à se mobiliser pour engager une large réflexion sur le devenir du secteur culturel en France, en s'interrogeant notamment sur la pertinence des modèles centralisés et normatifs du ministère, sur son respect des droits et des diversités des expressions. Les Régions souhaitent donc, à leur échelle, se saisir publiquement et nationalement du sujet qui sera présenté lors de leur prochain Congrès.

Depuis la création du ministère des Affaires culturelles en 1959, le déploiement des politiques culturelles a reposé, à partir des différentes lois de décentralisation, sur une supposée coopération entre État et collectivités.
Mi-juillet, le Sénat publiait une note affirmant que la refonte de ces organisations pourrait permettre de faire 540 millions d’euros d’économies sur quelques années. La commission d'enquête a constaté que les agences se sont développées hors de toute stratégie d'ensemble, formant un archipel aux frontières mal définies. Conséquence directe, les Régions et l'État se verront également contraints d’opérer des choix.

Aujourd'hui, 91 milliards d'euros sont distribués aux différents opérateurs ou agences de l’État.

Parmi les opérateurs à vocation culturelle certains, comme l'Opéra de Paris ou la Comédie française, ont déjà perdu respectivement 6 et 5 millions d'euros et le budget de la culture, après cinq années de hausse, se trouve réduit fin 2024 de 204 millions d'euros.

Mais d'autres économies, propre au Ministère de la Culture, comme sa mutation souhaitable en un Secrétariat d’État, chiffrées cette fois non plus en millions mais en milliards, ne seraient pas pour autant impopulaires.

Le Centre National des Arts Plastiques coûte toujours 11.2 M€ et l'Académie de France à Rome pas moins de 10.9 M€. Le fonctionnement de cette Académie a d'ailleurs déjà fait l'objet d'un rapport d'information au nom de la commission des finances du Sénat :
Une suppression de cette Académie, c’est-à-dire de la Villa Médicis, serait, non seulement logique mais également salutaire au budget. En effet, cette Institution uniquement prévue pour accueillir les lauréats des Prix de Rome perdure, alors que la distinction des Prix de Rome a été abandonnée depuis 1968.
La nomination de directeur de la Villa Médicis se fait par décret du chef de l’État, celle-ci offre des opportunités de reclassement, ce qui peut expliquer que même devenue depuis longtemps inutile et sans objet, la suppression de la Villa ne figure pas à l'ordre du jour, pas plus que sa vente ou sa restitution aux italiens.

En 2022, le budget global des 22 Frac s'élevait à plus de 36 millions d'euros... Ces Fonds Régionaux d’Art Contemporain, créés à partir de 1982, voient désormais leurs responsables proches de la retraite. C'est aussi le moment opportun de s'interroger sérieusement sur ces institutions, sur leur rayonnement et leur coût ? Comme semble réagir en ce sens l'association Régions de France.

Les FRAC, voulus par un gouvernement de gauche, entérinés par un gouvernement de droite, ont contribué non seulement au discrédit de la gauche mais également à la détérioration durable de l'image de l'Art. L'art s’est coupé de la base populaire et laborieuse en devenant l'affaire, comme jamais auparavant, d'une classe extrêmement minoritaire.
Ces Fonds Régionaux d’Art Contemporain se trouvent désormais confrontés aux problèmes d’achat et de conservation.
Conformément à leurs statuts, ces institutions publiques ont acquis des oeuvres représentatives des courants significatifs de l’Art Contemporain, ou du moins considérés comme tel, mais qui de fait excluent 99% des créateurs.
Les deux objectifs fondamentaux fixés par le Ministère de la Culture, à savoir : l’acquisition et la diffusion auprès du grand public ne sont et ne peuvent plus être respectés.
- Les acquisitions, faute d'argent se raréfient. Il faut gérer la collection, les directeurs devenant des conservateurs. L’essentiel du budget étant désormais réservé au fonctionnement.
- La diffusion dans différents lieux, par la nature même des créations reste souvent compliquée, et surtout elle n'intéresse pas le public.
Faute de pouvoir atteindre les objectifs du Ministère, il semble logique d’envisager la dissolution pure et simple de ces associations et par voie de conséquence de prévoir la disparition de tous les FRAC.

Au niveau des Régions, sans parler d'une mentalité et des appréciations forcément différentes concernant d'art dit contemporain et pour cause de budget contraint, les Frac n'achètent ou n'achèteront plus. Plusieurs se verront même dans l'obligation de mettre à profit les départs en retraite de leurs fonctionnaires dédiés, pour fermer et mettre un terme définitif à cette malencontreuse et coûteuse expérimentation. Idem pour les Centres d'art et la fermeture de celui de Pougues-les-Eaux, dans la Nièvre, en 2021, ne devrait plus constituer une exception.

Bien entendu, toute décision ne serait pas sans conséquence pour des milliers de fonctionnaires réduits plus ou moins au reclassement, et pour les quelques collectionneurs spéculateurs ou les très rares artistes vivant de subvention ou de commande d’État. Mais à bien réfléchir, ces propositions de réforme ou suppression rétabliraient justice et équité sociale chez des artistes qui se trouvent, pour une énorme majorité, exclus des choix et des achats publics. Ces importants changements réhabiliteraient aussi et surtout l'impartialité du marché, avec les indispensables économies recherchées par la France.


Quel sort pour la culture ?

Le budget du ministère de la Culture en 2026 devrait être de 3,7 milliards d'euros, ce qui correspond à une coupe de près de 300 millions par rapport au budget 2025 situé aux alentours de 4 milliards, ce qui correspond à une perte de 7%.
Selon le PLF 2026, le ministère de la Culture disposerait exactement de 3.736.487.969 € d'autorisations d'engagement, pour 3.747.857.177 € de crédits de paiement. La baisse est sensible, par rapport à la loi de finances pour 2025, qui prévoyait respectivement 4.028.739.645 € et 3.918.028.319.
Le budget de la rue de Valois serait donc considérablement revu à la baisse, une tendance que la loi de finances rectificative suivra sans doute. Le programme Patrimoines passe de 1,2 milliard € en 2025 à 1,04 milliard € en 2026, et celui dédié à la Transmission des savoirs et démocratisation de la culture de 810 millions € à 737 millions €.

Des opérateurs mis à contribution !
Si l'on considère le budget du ministère et celui de ses opérateurs, le total s'élève à 4,9 milliards €, à savoir : 3,6 milliards € pour le premier et 1,2 milliard € pour les seconds. La rue de Valois participe à l'effort financier avec une baisse de 300 millions, mais ses opérateurs ne sont pas pour autant oubliés.
Les moyens alloués auxdits opérateurs ou agences s'élèvent précisément à 1.288.436.222 €, un recul important par rapport aux 1.391.470.554 € de la loi de finances 2025. Les subventions pour charges d'investissement connaissent aussi une importante baisse, passant de 283 millions € à 153 millions €.
Les économies du gouvernement Lecornu vont bien entendu toucher les travailleurs de la culture, celles-ci présagent d'ailleurs la suppression de plus de 200 postes en équivalent temps plein, uniquement pour les taches ministérielles.
A noter, du ministère aux collectivités en passant par les Directions régionales des affaires culturelles, les financements sont à la baisse au contraire de ceux des armées, prévus singulièrement en hausse, pour cause de menace russe ?
Le Ministère de la culture est loin d’être le seul contributeur au fonctionnement de la culture en France : en 2019, sur les 17 milliards d’euros du budget de l’État alloué à la culture, seuls 3,6 milliards provenaient du Ministère. D’autres institutions, notamment l’Education et l’Enseignement Supérieur, mais aussi les collectivités locales contribuent grandement au financement de la création et production culturelles.
Les demandes d’économies adressées aux régions et aux collectivités territoriales, à hauteur de 4,6 milliards d’euros, devraient donc également conduire à une réduction massive des fonds alloués aux projets culturels, et des milliers d’emplois titulaires comme intermittents, seront immanquablement menacés.

 Culture 4 Md€ - 2024
Sources : Rapports annuels de performances - comptes financiers des opérateurs en comptabilité générale

Opérateur
Ressources 
Part du financement public 
Dont taxes affectées
Part
CNC - Centre national du cinéma et de l'image animée
0,9 Md€
93.4 %
0.84 Md€
23.1 %
Musée du Louvre
0,32 Md€
30.6 %
-
8.1 %
BnF - Bibliothèque nationale de France
0,28 Md€
74.39 %
-
7.3 %
Opéra national de Paris
0,25 Md€
40.15 %
-
6.5 %
INRAP - Institut national de recherches archéologiques préventives
0,2 Md€
48.72 %
0 Md€
5.1 %
CMN - Centre des monuments nationaux
0,19 Md€
28.09 %
-
4.9 %
CNAC-GP - Centre national d'art et de culture - Georges Pompidou
0,17 Md€
47.44 %
-
4.3 %
EPV - Etablissement public du musée et du domaine national de Versailles
0,16 Md€
23.69 %
-
4.2 %
Rmn-GP - Réunion des musées nationaux - Grand Palais
0,15 Md€
18.63 %
-
3.8 %
Universcience
0,13 Md€
67.28 %
-
3.4 %
EPCMPP - Etablissement public de la Cité de la musique - Philharmonie de Paris
0,11 Md€
53.52 %
-
2.9 %
CNM - Centre national de la musique
0,11 Md€
90.68 %
0.07 Md€
2.8 %
Musée d'Orsay et musée de l'Orangerie
0,1 Md€
37.49 %
-
2.5 %
Ecoles d'architecture - Ecoles nationales supérieures d'architecture
0,09 Md€
73.68 %
0 Md€
2.3 %
EPMQB - Etablissement public du musée du quai Branly
0,07 Md€
70.14 %
-
1.7 %
EPPGHV - Etablissement public du parc et de la grande halle de la Villette
0,07 Md€
41.88 %
-
1.7 %
Comédie Française
0,04 Md€
46.19 %
-
1.1 %
CNSMD Paris - Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris
0,04 Md€
76.85 %
-
1.0 %
MuCEM - Musée des civilisations de l'Europe et de la Méditerranée
0,04 Md€
54.43 %
-
0.9 %
Etablissement public du Mobilier National
0,03 Md€
89.04 %
-
0.9 %
CNL - Centre national du livre
0,03 Md€
96.41 %
-
0.8 %
CAPA - Cité de l'architecture et du patrimoine
0,03 Md€
72.97 %
-
0.7 %
Musée Picasso
0,03 Md€
100 %
-
0.7 %
Opéra comique
0,02 Md€
51.94 %
-
0.6 %
EPMSM - Etablissement public du Mont-Saint-Michel
0,02 Md€
19.22 %
-
0.6 %
Chaillot – Théâtre national de la Danse
0,02 Md€
72.81 %
-
0.5 %
TNO - Théâtre national de l'Odéon
0,02 Md€
67.25 %
-
0.5 %
EPRNDP - Etablissement public chargé de la conservation et de la restauration de la cathédrale Notre-Dame de Paris
0,02 Md€
69.73 %
-
0.5 %
Ecoles d'art en Région
0,02 Md€
73.15 %
0 Md€
0.5 %
ENSAD - Ecole nationale supérieure des arts décoratifs
0,02 Md€
72.52 %
0 Md€
0.5 %
CNSMD Lyon - Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Lyon
0,02 Md€
87.85 %
0 Md€
0.4 %
ENSCI - Ecole nationale supérieure de création industrielle
0,02 Md€
38.74 %
0 Md€
0.4 %
EPPD - Etablissement public du palais de la porte Dorée
0,02 Md€
76.64 %
-
0.4 %
ENSMIS - Ecole nationale supérieure des métiers de l'image et du son
0,01 Md€
80.04 %
-
0.4 %
ENSBA - Ecole nationale supérieure des beaux-arts
0,01 Md€
68.85 %
0 Md€
0.4 %
TNC - Théâtre national de la Colline
0,01 Md€
69.94 %
-
0.4 %
CNAP - Centre national des arts plastiques
0,01 Md€
72.71 %
-
0.3 %
TNS - Théâtre national de Strasbourg
0,01 Md€
78.07 %
-
0.3 %
OPPIC - Opérateur du patrimoine et des projets immobiliers de la Culture
0,01 Md€
98.28 %
-
0.3 %
Musée Guimet
0,01 Md€
38.12 %
-
0.3 %
CND - Centre national de la danse
0,01 Md€
79.1 %
-
0.3 %
INP - Institut national du patrimoine
0,01 Md€
78.75 %
-
0.3 %
BPI - Bibliothèque publique d'information
0,01 Md€
94.02 %
-
0.3 %
Etablissement public du château de Fontainebleau
0,01 Md€
36.36 %
-
0.3 %
AFR - Académie de France à Rome
0,01 Md€
44.59 %
-
0.2 %
Ecole du Louvre
0,01 Md€
24.98 %
-
0.2 %
EPCCSL - Etablissement public Cité de la céramique - Sèvres et Limoges
0,01 Md€
59.56 %
-
0.2 %
CNSAD - Conservatoire national supérieur d'art dramatique
0 Md€
91.51 %
-
0.1 %
Musée Henner-Moreau
0 Md€
53.46 %
-
0.0 %
Cinémathèque française
-
-
-
-
CNAC - Centre national des arts du cirque
-
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-
-
Ensemble intercontemporain
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Musée des arts décoratifs
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Que penser des écoles des beaux-arts en France ?

La France compte 12 écoles nationales supérieures d’art (ENSA), dont l' École nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris (ENSBA), fondée en 1648.
À côté de ces ENSA, on trouve environ 34 écoles supérieures d’art et de design (ESAD) territoriales publiques.
En tout, on recense près de 84 établissements d’art en France, couvrant des disciplines allant des beaux-arts traditionnels à la création numérique.

Les principales critiques
Sous-financement et fermetures : plusieurs écoles sont menacées par des coupes budgétaires. L’ESAD de Valenciennes a par exemple annoncé sa fermeture définitive en 2025, et d’autres établissements publics craignent le même sort.
Inégalités territoriales : les grandes écoles parisiennes (ENSBA, ENSAD) bénéficient d’une visibilité et de ressources supérieures, tandis que les écoles régionales peinent à maintenir leurs activités.
Débouchés incertains : Le marché de l’art reste précaire. Beaucoup d'étudiants doivent compléter leur parcours par des expériences professionnelles ou se tourner vers l’enseignement, la médiation culturelle ou le design.
Tensions pédagogiques : certains reprochent aux écoles de rester trop centrées sur l’expérimentation libre, sans assez de formation technique ou professionnelle. D’autres estiment au contraire que la liberté créative est leur force, mais qu’elle n’est pas suffisamment accompagnée par un soutien à l’insertion professionnelle.
Manque de reconnaissance institutionnelle : malgré leur rôle culturel, les écoles d’art sont parfois considérées comme marginales dans l’enseignement supérieur, ce qui fragilise leur position face aux universités ou aux écoles privées.
Les débats actuels
Les Assises nationales des écoles d’art et de design de Marseille, début novembre 2025 (1), ont mis en lumière les enjeux : égalité des chances, conditions d’enseignement, et avenir de la création artistique dans un contexte de crise.
La ministre de la Culture a même évoqué la possibilité de fermer certaines écoles jugées « en situation de crise », ce qui a provoqué un choc dans le milieu.
Les directeurs et enseignants insistent sur la nécessité de repenser l’enseignement artistique à l’horizon 2050, en intégrant davantage les enjeux numériques, écologiques et sociaux.
En résumé
Les écoles des beaux-arts en France restent des lieux de création et de liberté artistique, mais elles souffrent de fragilités structurelles : financement insuffisant, manque de reconnaissance académique, et insertion professionnelle difficile. Leur avenir dépendra de leur capacité à se réinventer et à mieux articuler expérimentation artistique et réalités socio-économiques.

1/ Communiqué de presse – Assises nationales des écoles d’art et de design 2025 à Marseille
L'ANdÉA réaffirme la force, la responsabilité et les valeurs du service public de la création.
Plus qu’une conférence, plus qu’un état des lieux, Demain l’école d’art : horizon 2050 est une déclaration d’urgence, une invitation à la mobilisation de l’intelligence collective.

Les Assises nationales des écoles d’art et de design 2025, organisées à Marseille par l’ANdÉA (Association nationale des écoles supérieures d’art et design publiques) en partenariat avec l’ANÉAT (Association nationales des écoles d’art territoriales de pratiques amateurs) et l’APPÉA (Association nationale des prépas publiques aux écoles supérieures d’art), représentant l’ensemble de la filière de l’enseignement artistique, ont réuni pendant trois jours plus de 500 participant·es : étudiant·es, enseignant·es, technicien·es, directeurs et directrices, personnels administratifs, bibliothécaires, artistes, chercheur·euses, élu·es, partenaires institutionnels et représentant·es des ministères.
Ces rencontres ont été l’occasion d’un dialogue riche, passionné, intense, parfois vif, avec le souci de la justesse et de la lucidité, toujours au service d’une pensée pour l’avenir du service public de l’enseignement artistique. Les nombreuses voix qui composent nos écoles s’y sont exprimées, illustrant la vitalité, la pluralité et la force critique d’un réseau profondément attaché à ses missions d’intérêt général. Les échanges ont réaffirmé avec force que les écoles d’art et de design sont des espaces irremplaçables de liberté d’expression, de création et de pensée critique sur l’ensemble du territoire. Dans un monde où ces libertés sont attaquées, parfois violemment remises en cause, il est plus que jamais nécessaire de préserver et défendre ces lieux d’expérimentation et de transmission, au cœur de la vie démocratique et culturelle.

L’ANdÉA appelle à un engagement des tutelles pour garantir des moyens à la hauteur des missions de ces établissements, dont la fragilisation économique met en péril la pérennité et la qualité du service public de la création.
L’événement a été profondément bouleversé par la diffusion d’une liste anonyme circulant sur les réseaux sociaux, dans le sillage d’Art Basel Paris, visant plusieurs personnalités du monde de l’art et des écoles. Ce contexte a abouti à l’annulation d’une table ronde. Cette situation a suscité une vive émotion parmi les participant·es et a soulevé la nécessité de la liberté du débat démocratique, sur des sujets de première importance pour les étudiant·es comme pour l’ensemble de la communauté des écoles d’art, dans le respect des personnes et de leurs diversités.
L’ANdÉA condamne avec la plus grande fermeté toutes les formes de violences et de discriminations, et reconnaît leur caractère structurel au sein du monde de l’art et de l’enseignement, comme dans la société tout entière. Ces violences exigent des réponses collectives, durables et responsables, fondées sur l’écoute, la formation, la prévention et la justice.
L’ANdÉA réaffirme son engagement à lutter sans relâche contre les violences sexistes, sexuelles et morales, à soutenir les victimes, à mettre en œuvre des dispositifs légaux et respectueux des personnes concernées et à refuser toute démarche qui s’apparenterait à un tribunal parallèle. L’ANdEA entend les colères tout en travaillant à garantir des règles communes, gages d’un sérieux plus que jamais nécessaire ; elle appelle les tutelles à un travail urgent et efficient pour que les écoles de l’enseignement supérieur Culture soient dotées d’accompagnements et d’outils structurels et financés.
La parole étudiante s’est exprimée avec force et engagement militant. Certain·es ont fait part de leur déception de ne pas avoir eu suffisamment d’espace dans les discussions et les assemblées. L’ANdÉA entend cette critique et en prend acte.
Nous comprenons et affirmons la nécessité de repenser, dès à présent, les formes de participation étudiante au sein de notre association. L’avenir du service public de la création ne peut se construire sans la voix de celles et ceux qui y apprennent, y vivent et y expérimentent.

Après la fermeture de trois écoles supérieures d’art, à Rueil-Malmaison en 2011, à Perpignan en 2016 et à Valenciennes en juin 2025, il faut sans tarder protéger un modèle fragilisé et rappeler la contribution essentielle de la création au bien commun.
Ouvrir la réflexion sur l’avenir de la création
Pour Ulrika Byttner, co-présidente de l’Andéa et directrice de l’École supérieure d’art et design Le Havre-Rouen, ces Assises marquent un tournant. « Nous voulons réfléchir à l’initiation artistique dès l’enfance et à la formation tout au long de la vie », explique-t-elle lors d’une conférence de presse donnée mi-octobre.
Une vingtaine de tables rondes rythment les débats, autour de grands thèmes : enseignement de la création, égalité des chances, conditions de travail des artistes et des designers. L’objectif est clair : bâtir une politique durable pour l’enseignement public de l’art et du design à l’horizon 2050, dix ans après les précédentes Assises organisées à Lyon en 2015.

Un contexte tendu pour les écoles d’art publiques
Ces discussions interviennent alors que le climat reste préoccupant. En juin 2025, l’École supérieure d’art et de design de Valenciennes — institution bicentenaire — a dû fermer, faute de financement. Deux autres écoles avaient déjà disparu à Rueil-Malmaison et à Perpignan, respectivement en 2011 et 2016.
« L’intérêt des jeunes pour nos formations explose, mais nos capacités d’accueil stagnent », note Ulrika Byttner. Les écoles doivent faire face à une hausse massive des candidatures sans moyens supplémentaires. Dans le même temps, l’enseignement privé gagne du terrain, rendant encore plus urgente la défense d’un service public de qualité.
Une filière en quête de stabilité et de reconnaissance
Bernhard Rudiger, vice-président de l’Andéa et professeur aux Beaux-arts de Lyon, souligne « un besoin croissant dans la société, notamment pour des cours du soir et des formations accessibles ». Mais l’équilibre financier des écoles reste fragile.
L’Andéa, qui regroupe environ 12 000 étudiants, veut clarifier les relations entre l’État et les collectivités, souvent sources de tensions budgétaires. Parmi les enjeux : garantir l’égalité des chances dans un système où certaines écoles accueillent jusqu’à 70 % de boursiers, et anticiper le vieillissement du corps enseignant.
Un signal d’alarme pour l’enseignement artistique
Les organisateurs des Assises appellent à définir un schéma directeur ambitieux et partagé, capable de dépasser les blocages actuels : diversité des statuts, sous-financement, absence de cadre national et inégalités de traitement.
Ces quatre journées marseillaises sonnent comme un avertissement pour une filière trop souvent sous-estimée. « Nos écoles des Beaux-arts ne peuvent plus couvrir leurs dépenses. Nous faisons face à une situation critique », conclut Bernhard Rudiger. Le défi : garantir la survie et la reconnaissance d’un enseignement essentiel à la vitalité culturelle du pays.

 mercredi, 27 août 2025

MANIFESTE DES RÉGIONS DE FRANCE POUR LA CULTURE - budget 2026

par education-programme

Les Régions s’engagent pour construire une nouvelle étape des politiques publiques de la culture.

Conséquence directe de l’effort de 5 milliards d’euros demandé par l’État aux collectivités locales, les Régions se voient contraintes d’opérer des choix douloureux dans leurs budgets.
Depuis la création du ministère des Affaires culturelles en 1959, le déploiement des politiques culturelles a reposé sur une supposée coopération entre État et collectivités. A partir des différentes lois de décentralisation ces collectivités sont alors devenues les premiers financeurs de la culture.

Les Régions, confrontées aux difficultés pour équilibrer des budgets grevés par l’augmentation des charges, mesurent que les solutions ne pourront plus reposer uniquement sur l’accroissement des financements publics et qu’il convient donc de repenser en profondeur leurs projets, dans leur rapport aux territoires et modèles économiques.
Dans ces circonstances, la commission culture de Régions de France a souligné l’urgence à se mobiliser pour engager une large réflexion sur le devenir du secteur culturel en France, en s'interrogeant notamment sur la pertinence des modèles centralisés et normatifs du ministère, sur son respect des droits et des diversités des expressions. Les Régions souhaitent donc, à leur échelle, se saisir publiquement et nationalement du sujet qui sera présenté lors de leur prochain Congrès, à l’automne 2025.

Aujourd'hui, 91 milliards d'euros sont distribués aux différents opérateurs de l'Etat.
Parmi les opérateurs à vocation culturelle certains, comme l'Opéra de Paris ou la Comédie française, ont déjà perdu respectivement 6 et 5 millions d'euros et le budget de la culture, après cinq années de hausse, se trouve réduit fin 2024 de 204 millions d'euros.
Mais d'autres économies, propre au Ministère de la Culture, comme sa mutation probable en un Secrétariat d'Etat, chiffrées cette fois non plus en millions mais en milliards, ne seraient pas pour autant impopulaires.
Le Centre National des Arts Plastiques coûte toujours 11.2 M€ et l'Académie de France à Rome pas moins de 10.9 M€. Le fonctionnement de cette Académie a d'ailleurs fait l'objet d'un rapport d'information au nom de la commission des finances du Sénat : https://www.senat.fr/rap/r00-274/r00-274_mono.html

En 2022, le budget global des 22 Frac s'élevait à plus de 36 millions d'euros... Ces Fonds Régionaux d’Art Contemporain, créés à partir de 1982, voient désormais leurs responsables proches de la retraite. C'est peut-être le moment opportun de s'interroger sérieusement sur ces institutions, sur leur rayonnement et leur coût ? Comme semble agir en ce sens l'association Région de France.

Les FRAC, voulus par un gouvernement de gauche, entérinés par un gouvernement de droite, ont contribué non seulement au discrédit de la gauche mais également à la détérioration durable de l'image de l'Art. L'art s’est coupé de la base populaire et laborieuse en devenant l'affaire, comme jamais auparavant, d'une classe extrêmement minoritaire.

Ces Fonds Régionaux d’Art Contemporain, créés pour suivre la décentralisation, se trouvent désormais confrontés aux problèmes d’espace, d’achat et de conservation.
Conformément à leurs statuts, ces institutions publiques ont acquis des oeuvres représentatives des courants significatifs, ou du moins considérés comme tels, de l’Art Contemporain. Cependant, les deux objectifs fondamentaux fixés par le Ministère de la Culture, à savoir : l’acquisition et la diffusion auprès du grand public ne sont et ne peuvent plus être respectés.
- Les acquisitions, faute d'argent se raréfient. Il faut gérer la collection, les directeurs devenant de fait des conservateurs. L’essentiel du budget étant désormais réservé au fonctionnement.
- La diffusion dans différents lieux, par la nature même des créations reste souvent compliquée, et surtout elle n'intéresse pas le public.
Faute de pouvoir atteindre les objectifs du Ministère, il semble logique d’envisager la dissolution pure et simple de ces associations et par voie de conséquence de prévoir la disparition de tous les FRAC.

Au niveau des Régions, sans parler d'une mentalité et des appréciations forcément différentes après 45 ans d'un véritable diktat d'art dit contemporain et pour cause de budget contraint, les Frac n'achètent ou n'achèteront plus. Plusieurs se verront même dans l'obligation de mettre à profit les départs en retraite de leurs fonctionnaires dédiés, pour fermer et mettre un terme définitif à cette malencontreuse et couteuse expérimentation. Idem pour les Centres d'art et la fermeture de celui de Pougues-les-Eaux, dans la Nièvre, en 2021, ne devrait plus constituer une exception.

Bien entendu, toute décision ne serait pas sans conséquence pour des milliers de fonctionnaires réduits plus ou moins au reclassement, et pour les quelques collectionneurs spéculateurs ou les rares artistes vivant de subvention ou de commande d’Etat. Mais à bien réfléchir, ces propositions de réforme ou suppression rétabliraient justice et équité sociale, mais aussi et surtout impartialité du marché, avec les indispensables économies recherchées par la France.
Il ne s'agit pas ici d'un simple canular mais bien d'une oeuvre d'art acquise par un Fond régional d'art contemporain !

Il ne s'agit pas ici d'un simple canular mais bien d'une oeuvre d'art acquise par un Fond régional d'art contemporain !